Deux ans après le séisme qui avait fait 200.000 morts et des centaines de milliers de sans-abri, et qui avait été suivi d'une épidémie de choléra, Haïti se relève - lentement. Les besoins restent énormes, et les ONG, présentes en masse, toujours aussi incontournables.
Santé, éducation, alimentation, logement : Haïti n'a pas attendu le tremblement de terre pour vivre au crochet d'organisations non gouvernementales étrangères. Dans les rues de Port-au-Prince et dans les campements, les travailleurs humanitaires sont toujours actifs, même s'ils sont visiblement moins nombreux que dans les mois qui ont suivi la catastrophe de 2010. Innombrables, certaines organisations étrangères se sont attiré leur lot de publicité négative au lendemain du séisme, à l'image d'une association américaine accusée d'avoir voulu sortir illégalement des enfants du pays. Mais le ministre de la Planification et de la Coopération du nouveau gouvernement haïtien, Hervey Day, chargé de la supervision des ONG, admet que ces institutions "répondent à un déficit étatique et apportent des services dans un contexte où l'Etat n'a pas les moyens d'intervenir". "Nous ne sommes pas encore prêts à remplacer les ONG", déclare le ministre, disant toutefois vouloir "redéfinir le cadre de fonctionnement de ces institutions et corriger la prolifération" des associations, dont son ministère est en train de dresser un état des lieux.
Sur le terrain, les intéressées ont modifié leur action: les consultations médicales gratuites sous la tente et les distributions d'eau potable dans les centres d'hébergement ont considérablement diminué. "Maintenant, nos actions sont concentrées dans les quartiers d'origine des sans-abri, mais cela complique nos interventions auprès des familles nécessiteuses, car il n'y a pas d'espaces appropriés", observe Lucille Grosjean, de l'association française Action contre la faim (ACF), qui se heurte à la difficulté de construire des latrines. Présente depuis plus de 25 ans dans le pays, ACF a apporté son aide à plus de 900.000 Haïtiens l'an dernier dans les domaines de l'eau, de l'assainissement et de la nutrition.
Deux ans après la tragédie haïtienne, la fin de la période d'urgence complique désormais l'action des humanitaires. "Le contexte de transition politique dans le pays et la réduction des financements de la communauté internationale rendent l'action plus difficile", constate Médecins du monde, qui a réalisé 250.000 consultations en 2011. Dans un pays exposé aux catastrophes naturelles et où la moitié de la population vit avec moins de deux dollars par jour, Médecins sans frontières estime que "deux ans après le tremblement de terre, le système de santé tarde à s'organiser à Port-au-Prince et dans ses environs et l'accès aux soins d'urgence demeure difficile pour une majorité d'Haïtiens".
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